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Eveline Soulier Auteure
Eveline Soulier Auteure

 
«… Tous ces mots écrits par toi avec l’encre de ton porte-plume, avec ta petite main diligente qui dansait sur tes cahiers. Ils m’appellent, ils m’invitent. Je ne peux pas ne pas les lire, ne pas les entendre. Ils me parlent, vois-tu ! Ils parlent au monde ! Je ne dirai rien que tu ne veuilles que je raconte. Je veux juste t’entendre un peu. Entendre ta petite voix, me rapprocher de toi… »

 
 
« Les cahiers de ma mère »
Éditions Ç Auteurs. Page 17-18

Eveline Soulier Auteure


 

« … J’imagine ces gamines de onze à quatorze ans, futures femmes investies de rôles multiples et sacrés : femmes vestales, infirmières, mères nourricières, fées du logis, semeuses de graines, d’arbres et de fleurs, mères éleveuses et gardiennes de gosses, de poules et de lapins, veillant sur la santé morale et physique de toute la maisonnée, s’escrimant à maintenir au logis la chaleur nécessaire afin que la maladie, la saleté, le vice et la guerre ne fassent pas irruption, n’entravent pas l’ordre, la bonne conduite et la bonne santé. Morale, codes et lois pensés par les hommes pour les femmes jusque dans les programmes des écoles… »

  « Les cahiers de ma mère »
Éditions Ç Auteurs. Page 56

Eveline Soulier Auteure
« Lumières d’ocre atlantique … 
Nous qui rêvions de grands voyages,
De sommets triomphants et fiers
Chevauchant l’écume céleste,
Bravant la colère océane,
 Vois comme est doux notre naufrage
Dans le lit des vieilles bruyères !
Les ocres ont chassé le funeste,
Nos corps sont étanches à leurs douanes. »  
 
 « Un chemin de terre et de ciel »   Éditions La Nouvelle Pléiade. Poésie. Page 51
Eveline Soulier Auteure

«…  Je me suis campée devant le paysage, comme pour mieux m’enraciner dans la terre. J’ai rassemblé ma respiration dans le bas de mon ventre, j’ai porté mon regard très loin à l’horizon. Peu à peu une mélodie gravée en moi est montée dans ma poitrine. Une voix chantait. Je chantais ! J’inventais au fur et à mesure une langue étrange tissée d’onomatopées qui avaient de lointaines consonances avec ces mots qui se disent sous le soleil. Je déclamais pour les oiseaux, les arbres, le monde entier. Au-dessus de moi, à perte de vue, le ciel immense et nu… »

 « La voix, un chemin pour rompre l’isolement et changer notre rapport au monde ».

 Éditions Non verbal/ A. M. Bx. Page 79

Eveline Soulier Auteure

« …À Burgos, il délaisse la horde de pèlerins qui court s’entasser par centaines dans les refuges et les gymnases ; il cherche un hôtel dans le centre-ville. Il a besoin de se reposer, de s’isoler et rêve de passer ces deux nuits au calme sans avoir à subir les ronflements de vagabonds, qui, quasiment muets le jour, se transforment subitement en locomotives tonitruantes pendant la nuit. À maintes reprises, il avait eu envie de fondre sur les ronfleurs en apnée pour les secouer, de peur qu’ils ne trépassent, mais, chaque fois ils ressuscitaient dans un fracas assourdissant de hoquets, grognements, raclements et il en venait à regretter que leur respiration ne se fût arrêtée pour de bon… »

 « La ligne bleue » Éditions Ç Auteurs. Nouvelles. Le fil d’Estelle, page 95-96.

Eveline Soulier Auteure

        « … ‒ Vous avez quel âge ?

‒ Trente ans !

Il s’était rajeuni de trois années.

‒ Trente ans ! Elle n’en a que dix-sept ! Je ne voudrais pas qu’elle ne sache rien comme moi, qu’elle ne sache pas s’exprimer dans un pays qui n’est pas le sien, il faut qu’elle prépare ses diplômes, je crois que ça lui tient à cœur ! À nous aussi, on n’a que ça, vous comprenez ! L’espoir d’une vie meilleure, au moins pour nos enfants !  Nous, quand on retournera là-bas, on sera vieux. Il faut beaucoup d’argent ! Mais les jeunes, c’est pas pareil, ils ont le temps ; les choses vont changer, c’est obligé…

L’homme avait ajouté :

‒ C’est vrai, ça ne tiendra pas ! Les colonies, cet exode, les travailleurs clandestins, tout cet argent dépensé pour la guerre, ces drames dans les familles, ça ne tiendra pas ! Quelque chose va changer ! ... »

Humberto, le navigateur. « La ligne bleue » Éditions Ç Auteurs. Page 146

Eveline Soulier Auteure

« … Donner à boire à la douleur. Et raconter, raconter, raconter et rire jusqu’à se sentir vivant. Le passé que tu croyais mort, il est encore là qui te donne de grands coups dans la poitrine. Il cogne jusqu’à ce que tu le laisses parler. Tu te sens enveloppé d’un manteau bien chaud qui reconnait les moindres détails de ton corps. Ça te calme, ça adoucit tes maux, ça te lave… »

 « Pour un air d’accordéon » Éditions Cabédita. Page 182

Sur un air d'accordéon Eveline Soulier Auteure

«…  Le troisième ? Alors ça, c’est une autre histoire ! Je suis allé le chercher à pied jusqu’à la vallée de Joux. Pis j’ai pris le train au Rocheray, jusqu’à Lausanne ! Rue du petit Chêne, chez Foetig ! C’était plus fort que moi cette histoire d’accordéon ! ... »

« Pour un air d’accordéon » Éditions Cabédita. Page 22

« Toute la journée il marcha. Il voulait couvrir le maximum de distance, tester sa résistance. C’est à peine s’il avait pris le temps de déjeuner. Après Les dalles plates, il avait longé la moraine par l’arête. Lorsqu’il parvint sur les pelouses d’altitude, une vaste mélancolie le submergea. Où allait-il ? Après quoi courait-il sans cesse ? Où était le problème ? Peut-être n’y avait-il pas de problème ? Hormis cette gestion du temps qu’il angoissait de devoir sculpter, organiser ? Et il s’emballait de son propre emballement. Il cherchait à combler le vide de peur de s’effondrer. Le lendemain, il allait rentrer. Le temps lui serait de nouveau compté, calculé, millimétré et il serait enchaîné à son écran, dans sa tour en béton au douzième ! Pas de quoi donner des leçons à ses collègues sur l’harmonie de l’homme avec la nature ! Et puis il reprendrait ses entraînements à la salle de sport et se remettrait au footing jusqu’à se défoncer le cœur ! Où était le problème ! ... »

Extrait de Doux Sauvage. Roman. Page 64

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